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Un lac à l'aube
 
Pour répondre à vos interrogations concernant ma façon de peindre,
j'ai détaillé le "pas-à-pas" du tableau Aube sur le lac, réalisé en 6 séances (étalées sur 3 ou 4 jours).
Le pas-à-pas original est ici enrichi de photos et d'explications supplémentaires.

IMPORTANT : ma méthode utilise de la peinture à l'huile. Ce type de peinture, séchant très lentement,
                           permet de travailler dans le "frais" d'un jour sur l'autre.
La peinture acrylique, séchant en quelques minutes, rendrait impossible le travail
(ou alors avec une vitesse d'exécution extrêmement rapide).

La toile utilisée est un format 20M (73 x 50 cm)

Vous pouvez cliquer sur les aperçus pour les agrandir.

Fournitures utilisées pour ce tableau


Les pinceaux
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1 - Pinceau plat soie de 5 cm (sous-couches et mélange de couleurs sur la toile)
2 - Pinceau plat souple de 5 cm (estompage du fond et des reflets d'arrière-plan)
3 - Pinceau plat de 8 mm (motifs d'arrière-plan et estompage précis)
4 - Pinceau rond de 6 mm (motifs végétaux et estompage)
5 - Pinceau rond numéro 0 (motifs demandant de la précision)
6 - Pinceau traceur numéro 1 (détails les plus fins : herbes, brindilles...)


Les peintures
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1 - Bleu ultra-marine (bleu outremer)
2 - Carmin d'alizarine (laque de garance)
3 - Jaune citron
4 - Noir d'ivoire
5 - Vert de vessie
6 - Sienne naturelle
7 - Blanc de titane
Produits divers
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1 - Essence de térébenthine
2 - Huile de lin siccative
3 - Blanc liquide
 
 
 
 


Passons maintenant à la réalisation de notre tableau.

Séance 1
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Un trait de crayon, à 20 cm du haut de la toile, positionne l'horizon.


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A l'aide d'un pinceau plat de 5 cm de large, poils de soie (raides), je recouvre la toile
d'une très fine couche de "blanc liquide" afin de permettre à la peinture d'accrocher
régulièrement et aux couleurs de se mélanger facilement.


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A l'aide du même pinceau - en n'utilisant qu'un "coin" des poils, dans le sens de l'épaisseur -,
je pose une ligne de carmin d'alizarine de part et d'autre de l'horizon.


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Toujours avec le même pinceau - après l'avoir essuyé sur un chiffon -, j'estompe les lignes
en faisant pénétrer la peinture dans la sous-couche de blanc liquide.

Remarque : La ligne d'horizon a disparu. Je la repositionnerai le moment venu.

Conseil : Pour réaliser les dégradés du fond, vous aurez à mélanger les couleurs sur la toile,
ceci à l'aide du pinceau qui vous a servi à déposer la peinture.
Vous pourrez procéder par mouvements circulaires, ou en "X" (ou les deux), puis par mouvements horizontaux.
C'est à vous de vous exercer afin de "sentir" le geste et de le régler,
de l'adapter en fonction du résultat souhaité.


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Comme pour les lignes rouges, et toujours avec le même pinceau essuyé, je place deux bandes
de jaune citron sur la zone rose, aux endroits où elle est la plus claire.


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Sans changer de pinceau, j'estompe les bandes jaunes en les mélangeant tout d'abord
avec le blanc, en haut et en bas, puis avec le rose.


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Après avoir essuyé le pinceau, je pose enfin une fine bande de bleu ultra-marine
en haut de la toile et je complète le bas en posant également une couche de bleu
(notez que je réserve une bande blanche de même largeur en bas qu'en haut).
La couche de bleu du bas est plus épaisse dans sa partie basse que dans sa partie haute.


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Pour terminer le fond, il ne reste plus qu'à estomper (même pinceau soigneusement essuyé) le bleu.
en commençant par le plus clair, en l'occurence le haut de la toile. J'estompe ensuite la partie
supérieure de la couche du bas en mélangeant le bleu avec le blanc.
Le bleu plus épais du bas sera délicatement dégradé avec le bleu plus clair
situé au-dessus de lui.
Pour obtenir un effet régulier, je termine en prenant un pinceau très souple, propre et sec de 5 cm
de large et j'estompe finement, en "caressant" légèrement la peinture (en débutant
bien entendu par les zones les plus claires).
Remarque : dans le bleu du bas, j'ai passé le pinceau horizontalement, en appuyant pour donner
un peu de réalisme à l'eau.

Il est maintenant temps de nettoyer les pinceaux.

Séance 2
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Après avoir fait une marque au crayon, à 20 cm du haut, sur chaque bord latéral de la toile,
j'ai fixé un fil (simple fil à coudre) à l'aide de ruban adhésif.
Voilà la ligne d'horizon retrouvée.
Pourquoi, me direz-vous, ne pas avoir tendu directement un fil depuis le début ?
Tout simplement parce qu'il aurait été impossible d'estomper les bandes de couleurs
avec un tel obstacle traversant la toile.


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Au-dessus de l'horizon, j'ai ébauché le contour de collines, en avant-plan
et, plus pâle, en arrière-plan.
J'ai choisi un mauve (carmin d'alizarine, bleu ultra-marine et blanc) dilué à l'huile de lin.
Le pinceau utilisé est un pinceau synthétique plat de 8 mm, très souple.
Remarque : cette photo, ainsi que la suivante, manque de netteté. Désolé.


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Sous l'horizon, l'ébauche est tracée en "miroir".
Vous pouvez remarquer que pour donner du réalisme au reflet, les silhouettes
sont légèrement tassées et que les collines d'arrière-plan
n'apparaîssent pratiquement pas.


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Sans changer de pinceau, j'ai "rempli" les collines d'arrière-plan
avec un mauve très clair.
Remarque : toutes les collines (et leur reflet) seront peintes à l'aide du même pinceau,
en l'essuyant aussi souvent que nécessaire.


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Il faut définir la direction de l'éclairage : j'ai décidé que la lumière serait à gauche.
Les collines d'arrière-plan prennent du relief par ajout d'un mauve plus foncé sur leur versant droit.


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C'est au tour des collines d'avant-plan de recevoir leur remplissage.
Leur teinte plus foncée les positionne en avant des autres collines.


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Le relief sera également donné par la lumière.
Comme la teinte est déjà bien foncée,
on ne va pas ajouter de mauve foncé sur le versant droit,
mais avec de la peinture blanche, on va éclaircir le versant gauche
(sans oublier de travailler aussi le reflet).


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A l'aide du pinceau plat de 5 cm (poils souples), propre et sec,
que nous avons utilisé au début, j'ai légèrement estompé le reflet
par des mouvements horizontaux.

Les pinceaux peuvent être nettoyés.

Séance 3
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Je prends maintenant un pinceau rond de 6 mm, synthétique et je le charge de gris-mauve
(mélange de bleu ultra-marine, carmin d'alizarine, terre de sienne naturelle, vert de vessie et blanc).
en "tapotant" le pinceau sur la toile, je représente des silhouettes d'arbres et de buissons
au ras du fil de la ligne d'horizon (en évitant au maximum la symétrie et les motifs répétitifs).
Remarque : la bordure d'arbres (et son reflet) sera entièment peinte à l'aide du même pinceau.


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Sous le fil, je représente grossièrement le reflet des arbres, par touches horizontales.


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J'ai ajouté de la peinture au plus près du fil avant de changer de couleur.
le pinceau, bien essuyé, est chargé cette fois-ci de mauve clair (celui qui a servi
à l'ébauche des collines d'arrière-plan).
Je dépose délicatement cette peinture sur le flanc gauche des buissons
(en essuyant bien le pinceau avant de le recharger, afin d'éviter de mettre du gris
dans le mauve clair de la palette).
Pour le reflet, les touches claires sont plus grossières.


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A l'aide de notre vieil ami le pinceau souple de 5 cm, propre et sec,
je "tire" verticalement le reflet des arbres, délicatement,
dans la peinture encore fraîche du lac.
ATTENTION : il faut essuyer soigneusement le pinceau entre chaque coup pour ne pas salir
la peinture fraîche avec celle dont le pinceau s'est chargé.


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Après avoir essuyé le pinceau plat de 5 cm, j'estompe le reflet par mouvements horizontaux,
sans appuyer (il faut "caresser" la peinture).


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Il ne reste plus qu'à retirer délicatement le fil de l'horizon...
... et à nettoyer les pinceaux.

Séance 4
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A l'aide d'un pinceau rond, synthétique, taille 0, j'accentue les ombres sous les arbres
en reprenant mon gris-mauve, légèrement foncé par une pointe de noir.
Sur le reflet, l'ombrage prend la forme de traits horizontaux.
J'ai réduit la ligne d'horizon à sa plus simple expression,
celle-ci ayant même disparu à certains endroits.
Pour ajouter au réalisme de l'eau, j'ai disposé quelques traits gris horizontaux dans le reflet.


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Avec le pinceau rond de 0, bien essuyé et chargé de mauve clair, je trace la ligne d'horizon
tout en "tirant" la peinture grise qui s'y trouve.
Inévitablement, la ligne sera par endroits trop large, ou trop rectiligne, ou trop claire.
Ce n'est pas grave : il suffit de corriger avec du gris foncé.
Quelques touches horizontales de mauve clair dans le reflet rendront l'eau plus réaliste.
Remarque : pour un meilleur rendu, ces traits devront être intégrés à la
couche sous-jacente. Il faut délicatement passer par-dessus, horizontalement,
avec le petit pinceau plat de 8 mm, propre et sec (sans appuyer).


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A ce stade, il ne reste plus qu'à donner vie à l'eau... avant de passer à l'étape suivante.
Quelques traits horizontaux, foncés ou clairs, de plus en plus épais à mesure
qu'on approche de l'avant-plan, seront posés sur l'eau avec le pinceau de votre choix
selon la taille désirée.
Les traits seront ensuite intégrés par des mouvements horizontaux avec le petit
pinceau plat de 8 mm, propre et sec.
ATTENTION : il faut commencer l'intégration aux endroits où le fond est le plus clair
et essuyer régulièrement le pinceau.


A ce stade, le décor est en place. On pourrait presque se contenter du tableau tel qu'il est,
mais il faut reconnaître que la composition est un peu vide.
Les pinceaux peuvent être nettoyés en attendant la suite.

Séance 5
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Avec le pinceau rond de 0, chargé de brun foncé
(sienne naturelle, carmin d'alizarine, bleu ultra-marine et une pointe de noir)
j'ébauche deux avancées de terre à gauche du lac.
C'est toujours un moment angoissant : sur un tableau satisfaisant, on vient tracer un motif violent
qui risque de ruiner le travail.
Je rassure les âmes sensibles : en peinture rien n'est jamais perdu.
Si c'est raté, on râcle la zone avec une spatule et on recommence.


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Le reflet des deux bandes de terre (brun légèrement plus clair) est représenté.


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Le niveau de l'eau est suggéré par une fine ligne de blanc à peine teinté de brun.
Cette ligne doit être irrégulière, bien que suivant la surface horizontale de l'eau.


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Avec un pinceau traceur de 1 mm (pinceau rond aux poils plus longs que ceux d'un pinceau ordinaire),
je dessine des roseaux sur la bande de terre supérieure, en brun foncé.
J'ai, pour utiliser mon pinceau traceur, dilué la peinture (avec de l'huile de lin)
jusqu'à ce qu'elle soit pratiquement aussi liquide que de l'encre.
Les roseaux sont représentés avec différents degrés d'inclinaison,
toujours peints en partant du bas afin que leurs pointes soient effilées.
La densité est plus importante près du sol.
Il faut pour cela peindre des roseaux courts au pied des longs, sans hésiter à les entrecroiser.


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On répète l'opération pour le reflet, en recherchant au maximum la symétrie.
Dans l'image "miroir", il faut autant que possible respecter la longueur et l'inclinaison
des brins les plus remarquables. Cela rendra le reflet naturel, crédible.


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Après avoir nettoyé notre traceur, nous allons utiliser un brun beaucoup plus clair
(sienne naturelle, jaune citron, blanc et une pointe de carmin d'alizarine)
pour tracer de nouveaux brins de roseaux par-dessus le travail que nous venons de faire.
Enfin, pour bien ancrer les roseaux dans le sol, j'utilise le pinceau de 0 chargé
de brun très foncé (brun du sol avec une pointe de noir) pour ombrer le pied des touffes.


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C'est au tour de la deuxième bande de terre de recevoir ses roseaux foncés...


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... et ses roseaux clairs.

Assez travaillé ! On peut nettoyer les pinceaux.

Séance 6
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Dans le reflet des roseaux, j'ai estompé une petite zone afin de symboliser la surface de l'eau.
Le pinceau rond de 6 mm convient pour cette opération)


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A droite, avec le pinceau traceur et de la peinture diluée à l'huile,
j'ai ébauché un poteau et son reflet (le reflet est volontairement discontinu).


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Le reflet du poteau suggère des ondulations à la surface de l'eau.


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J'ai mis le poteau en volume par le jeu des ombres et des lumières (peu visible sur cette photo)
et j'ai mis un peu de blanc sur l'eau (notamment à l'endroit où le poteau est en contact
avec la surface) afin de rendre l'ensemble plus vivant.


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Toujours avec le petit pinceau traceur, j'ai dessiné les contours d'une branche semi-immergée.


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Le pinceau rond de 0 et le petit traceur m'ont servi à remplir le motif de la branche
et à tracer quelques brindilles.


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Le reflet de la branche a été représenté en "miroir".


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La lumière vient donner du volume à la branche (toujours avec le petit pinceau traceur).


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Un fin trait blanc indique la position de la surface de l'eau a chaque contact avec la branche.
Le trait est plus clair du côté éclairé.
J'ai également estompé (avec le pinceau rond de 0, propre et sec) de fines zones
horizontales dans le reflet, ce qui est bien pratique pour faire disparaître d'éventuels défauts.
j'ai aussi ajouté un peu de blanc sur quelques zones avant de les estomper.


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Voilà.
Il ne reste plus qu'à charger le traceur avec de la peinture rouge diluée à l'huile
et à apposer sa signature.

Maintenant, à vos pinceaux ...